Notre nouvelle édition du mois de mars évoque le pouvoir de l’éloquence chez des femmes célèbres comme Olympe de Gouges ou encore Sarah Bernhardt.
Dans cet article, nous abordons l’art oratoire sous une forme plus contemporaine : YouTube. Nous avons rencontré Viviane, vulgarisatrice scientifique qui anime la chaîne YouTube Scilabus comptant plus de 280 000 abonnés. Dans cette interview, elle nous raconte comment elle écrit des textes adaptés à un format vidéo, se met en scène et quelles sont ses méthodes pour captiver son public. Viviane nous explique également comment allier rigueur scientifique et divertissement et nous présente son parcours.
Crédit photo : Eric Myre
Votre parcours universitaire vous confère-t-il une forme de légitimité dans le domaine de la vulgarisation ?
Non, dans le sens où je n’ai jamais fait de vulgarisation sur mes sujets de recherche En revanche, ce bagage universitaire m’aide beaucoup parce que j’ai des connaissances dans des domaines plus étendus que ceux de ma thèse et j’ai acquis une méthode de travail efficace.
Comment avez-vous commencé les vidéos sur YouTube ?
En arrivant au Québec, j’ai participé à de nombreux concours de recherches et j’ai commencé un blog car j’aimais partager la science. J’ai présenté ma thèse au concours de vulgarisation de la recherche «ma thèse en 180 secondes » en 2012, concours d’éloquence en sciences, et je l’ai remporté. J’ai vraiment beaucoup aimé cette expérience parce que l’oral permet de communiquer des messages qu’on ne pourrait pas faire passer à l’écrit avec les intonations, le rythme, les gestes, le regard etc. La vidéo est un format très proche de cette expérience ; c’est pour cette raison que j’ai choisi de le développer.
Comment écrivez-vous vos sujets ?
Étant curieuse, je choisis des sujets qui m’intéressent. Je pense que pour communiquer efficacement, il faut être impliqué personnellement. Le public ne crée pas une relation avec le sujet abordé, mais avec la personne qui le présente. Si cette personne est réellement intéressée par son sujet, la compréhension du public sera bien meilleure.
Comment vous mettez-vous en scène ? Quels sont les procédés pour capter l’attention d’un public qu’on ne voit pas ?
Il est primordial de toujours imaginer à qui l’on s’adresse. Quand on arrive à imaginer son public, on est beaucoup plus empathique et plus apte à partager son message efficacement.
Comment dosez-vous divertissement et références scientifiques ?
Personnellement, je le dose en me questionnant de la façon suivante « Est-ce que les 10 min qu’ils viennent de regarder leur ont appris suffisamment de choses pour justifier 10 min de leur temps ? ». Je pense également que le divertissement vient énormément appuyer le propos scientifique. C’est surtout quelque chose que l’on ressent en fonction de ce que l’on a envie de partager.
Êtes-vous vidéaste à plein temps ?
Je suis vulgarisatrice à plein temps dans le sens où j’ai de nombreuses activités de vulgarisation. En dehors de YouTube, qui représente est une grande partie de mon travail, j’anime aussi des chroniques à la radio, je travaille à la télé, je participe à des consultations, des formations, de l’enseignement. Mon travail est donc la vulgarisation plutôt que la vidéo.
Vous dispensez des cours à Polytechnique Montréal pour apprendre à mieux prendre la parole en public, comment vous êtes-vous formée ?
Ma famille a une appétence pour la vulgarisation scientifique. J’ai également suivi des formations. Je suis toujours en quête d’améliorations, ce qui m’amène à me documenter pour trouver des solutions. A force de chercher à me perfectionner, je pense que j’ai développé une expertise, comme dans la recherche. Personnellement, j’aime beaucoup cette recherche d’amélioration et puis c’est très subtil : avoir de l’éloquence, ou ne pas en avoir, ça ne tient à rien et ce petit rien est assez difficile à acquérir mais il est primordial pour arriver à faire passer son message.
Dans l’histoire, plusieurs femmes ont cherché à défendre leurs combats grâce au pouvoir de leur éloquence. C’est le cas d’Olympe de Gouges, célèbre révolutionnaire mais également dramaturge. Retrouvez son histoire et ses combats féministes dans l’édition de mars 2021 de la Malle d’Aventure. Vous pourrez également y découvrir une micro-aventure dans le Midi-Quercy en Tarn-et-Garonne et des fiches pratiques pour appréhender les bienfaits de l’art oratoire grâce à nos spécialistes (une coach en art oratoire, une psychologue art-thérapeute, un professeur de théâtre et une grande amatrice de théâtre). Pour en apprendre plus sur notre box sur Olympe de Gouges, l’art oratoire et le Quercy, c’est ici.
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